jeudi 20 juillet 2017

Ce qu’on nous cache sur la fin de l’automobile thermique !

Croyez-le ou non, mais la voiture thermique vit réellement ses dernières heures. Stéphane Cam, juriste auprès d’une association de protection des automobilistes a contacté Boitier Rouge pour tirer le signal d’alarme, et il faut dire qu’il y a effectivement de quoi s’alarmer !
La directive d’exécution (UE) 2017/1279 publiée le 14 juillet, est sans appel. Elle vient modifier la directive 2012/28/UE, qui planifiait l’obligation de production de véhicules électriques chez tous les constructeurs automobiles installés en Europe à l’horizon 2025. En effet, elle rajoute aux états membres l’obligation de faire disparaitre le parc automobile thermique dans son intégralité à l’horizon 2045 ! Pour cela, rien de plus simple, le contrôle technique qui se durcit déjà l’année prochaine, verra ses tolérances liées à la vétusté réduites, poussant de nombreux véhicules vers la casse, dès 2022.
Il va sans dire que l’impact économique sur les ménages qui vont devoir dans l’urgence remplacer leur véhicule un peu vieillot par un modèle neuf électrique est une gabegie que tout le monde veut passer sous silence, y compris nos politiques, qui ont fait pression pour cette directive soit votée le 14 juillet, afin que les yeux de la presse soient tournés vers le chef de l’Etat et son homologue américain lors du défilé.
Il est très rare que je prenne position, politiquement parlant, mais il faut reconnaitre que ce dernier coup d’estoc à l’automobile telle que nous la connaissons est plus que dangereux pour nous libertés individuelles.


Plus c’est gros plus ça passe ! Bien évidemment, tout ceci est complètement faux, rassurez-vous. Malheureusement, de plus en plus de sites sans lien avec l’automobile utilisent ce genre de clés pour faire le buzz et attirer un potentiel lectorat vers le reste de leur contenu.
Je vais prendre deux exemples radicalement différents pour illustrer mon propos, en plus de mon faux article : un « témoignage » d’un contrôleur technique sur le site Résistance Républicaine, et un article de Pause CafeIn sur « les cimetières de voitures ».
Dans un cas comme dans l’autre la recette est simple, jouer sur la corde sensible de l’amateur de voiture. Il n’y a rien de plus facile que de jouer sur le pathos pour rallier des gens à son argumentaire, comme je viens de le faire plus haut.
Autre clé que l’on retrouve chez Résistance Républicaine (un site bien moisi), l’argument d’autorité. Rien de plus simple, on cite « un contrôleur technique », forcément lui, il sait de quoi il retourne. A peu près autant que n’importe quelle personne avec une connexion internet et un moteur de recherche, en fait, toutes les lois françaises sont disponibles sur le site Légifrance et toutes les lois européennes sont accessibles sur le site EUR-Lex, dans les deux cas gratuitement. Pour ma part, c’est toujours à partir de ces deux sites que je construis mes articles concernant les modifications de la législation. Mais justement dans le cas présent, aucune source, si ce n’est un article du même site, qui a défaut d’être clairement mensonger, omet sciemment une information importante.
Ce même argument d’autorité peut prendre un côté très pompeux, comme je l’ai fait ici, en citant deux directives de l’Union Européenne existantes. Cependant, si vous cliquez sur les liens que je vous ai mis, vous constaterez qu’ils n’ont aucun rapport avec l’automobile de près ou de loin ! La première directive vise à limiter l’introduction de parasites pour les végétaux sur le territoire européen. La seconde quant à elle statue sur certaines autorisations d’ouvrages soumis aux droits d’auteur, dans le cadre de la numérisation des œuvres culturelles européennes. Mais soyons francs, sur tous les articles que j’ai pu rédiger citant mes sources documentaires, la proportion de personnes cliquant sur le lien est absolument négligeable.
Histoire de s’assurer que ça marche, alimenter la théorie du complot. Entendons-nous bien, oui, il est évident que dans toute organisation gouvernementale, il existe des groupes de lobbying, mais il ne faut pas pousser trop loin la caricature non plus. J’ai pris ici l’exemple du décalage de calendrier pour que la décision passe inaperçue, soyons sérieux un instant, pourquoi les 26 autres états membres de l’Union Européenne s’y seraient-ils pliés ? Absolument aucune. Mais d’une part cela flatte notre chauvinisme en accordant une grand importance au poids de la France dans la prise de décision, et d’autre part, cela permet de donner de l’eau au moulin des gens qui cherchent tous les arguments afin de démolir notre récemment élu chef d’état (loin de moi l’idée de le défendre, étant qui plus est expatrié, je me vois difficilement en droit d’émettre un avis sur la politique intérieur française). Bref du pain béni pour rallier ceux qui ne prennent aucun recul.
Revenons rapidement sur cette histoire de lobbying, c’est bien souvent l’apanage des grandes industries, pointées du doigt dans l’article de Pause CafeIn. Imaginez ces fabricants, qui nous font payer un prix fou leurs véhicules, laissent pourrir leurs invendus à l’air libre ! Le tout avec 3 photos (dans l’article, ne parlons meme pas de celles de l’aperçu) afin d’appuyer leurs « nouvelle ». Déjà, commençons par l’aspect news, Pause CafeIn cite zerohedge.com comme source de ses photos. Avec deux secondes de recherche on tombe donc sur l’article de ZeroHedge, datant fraichement de… 2014, pour la nouveauté on repassera. Arrive alors une autre contradiction, les trois sites évoqués par le site français sont Baltimore, Sheerness et Valence. Quand on regarde sur ZeroHedge, les photos concernent, Baltimore, Sheerness et… Sunderland, ah. Bon alors regardons tout cela d’un peu plus près, effectivement ces trois parcs existent et sont bien chargés mais… on est bien loin du tableau dépeint tant par Pause CafeIn que par ZeroHedge. Le parc de Baltimore est une zone de transit pour les véhicules exportés depuis la côte est des États-Unis, du coup, oui les véhicules sont invendus, mais non, ils ne pourrissent pas dehors, ils attendent juste d’être chargés. Le parc de Sheerness quant à lui sert à stocker les véhicule importés au Royaume-Uni, le temps qu’ils soient chargés sur camion pour rejoindre les concessions concernées, donc pas de véhicules en train de pourrir, ici non plus. Sunderland alors ? C’est le parking de stockage de l’usine Nissan, à deux pas de la mer… je vous fais un dessin ?
Et le coup de grâce, histoire de finir de vous rallier à ma cause, l’appel à la fin des libertés individuelles, le sujet qui fait peur à tout le monde, vu le climat géopolitique de ces dernières années.
Et vous amis lecteurs, êtes-vous arrivés jusqu’à la fin de cet article qui pourtant annonçait la couleur dès la première ligne (Stéphance Cam, ou plutôt S.Cam… non ? scam, cela signifie arnaque dans la langue de Shakespeare) ? Ou vous êtes-vous laissés prendre ?
Je sais, c’est une vilaine blague, d’un gout assez douteux je ne le nierai pas. Mais elle est là pour une chose, vous rappeler qu’il faut toujours conserver son esprit critique, tout ce qui est sur internet n’est pas vrai. Et même en toute bonne foi, il peut nous arriver à nous, journalistes, blogueurs et même professionnels de l’automobile de faire une erreur, de manquer de précision, voire de rater une information importante. Et c’est malheureusement à vous cher lecteurs de trier le bon grain de l’ivraie.

Source : Boitier rouge
 

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